Edmond Baudoin

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Metropolitan Club
40 Bulles de Jazz – page 14
Encre de chine
28 x 40 cm

 

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Description

Edmond Baudoin

Hormis le fait qu’Edmond Baudoin est capable de vous dessiner à main
levée l’impossible… Non. Pas «hormis».
J’ai souvent joué, comme les enfants, ou bien pour observer et tenter
de comprendre encore la prouesse, à demander à Baudoin de dessiner
«l’impossible» : «Dessine-moi un avion vu de face», puis «un homme qui
marche pieds nus, vu par la plante des pieds», puis «le combat d’une lionne
et d’une gazelle, vu de dessus». Et les dessins improbables tombaient sur
la table, aussi rapides qu’ahurissants, jusqu’à ce que, lassé, Baudoin dise
gentiment. «Tu en as encore beaucoup, des sujets de ce genre?».
Plus magnanime avec les enfants («Dessine-moi un monstre»), pour
lesquels il remise l’âpreté inquiétante qu’il peut mettre dans son trait,
pour lesquels il évite les figures ombrageuses, leur offrant un monstre
parfaitement effrayant mais si délicat que l’enfant pourrait dormir dans
ses bras. Mais devant l’admiration naïve des autres pour ce Don, il dira
-ou pensera – : «Ce n’est pas cela qui compte».
«C’est la musique», dira-t-il. Les contrastes, les modes mineur, majeur,
les crescendo, les pianissimo, les combinaisons de milliers de notes, de
milliers de traits, chacun individuellement sensible mais chacun associé,
répondant aux cris ou aux murmures des autres. Et je dirais : «C’est le
mouvement». Même logé dans les figures les plus immobiles. Bouget-il, cet homme assis, contemplatif ? Oui, il respire, et ses yeux cillent.
Comme s’agite cet arbre où passe le vent. Ou, sans un souffle d’air, comme
ces feuilles qui croissent, ces insectes qui rôdent, ces gouttes d’eau qui
roulent. Baudoin ira jusqu’à faire se mouvoir les pierres d’un chemin.
«C’est la vie», commentera-t-il en souriant. Et j’ajouterai: c’est dessiner
la substance du mouvement vital.

Fred Vargas
(Exposition à Contes, Juillet 2014)